Société

La moitié des Français estime que l’on ne se remet jamais d’un deuil

La moitié des Français estime que l’on ne se remet jamais d’un deuil

Le décès de Jacques Chirac et les « unes » poignantes de la presse française nous interrogent sur la relation des Français à la vieillisse, à la mort et au deuil. Si le temps reste le meilleur allié de ceux qui ont perdu un être cher, une enquête récente du Credoc publiée sur La Croix souligne combien ce processus peut nous accompagner pendant des années… voire des décennies.

Notre société « ultra-performante » perçoit le deuil comme une faiblesse

Chaque année en France, plus de trois millions de personnes vivent un deuil à la suite du décès d’un membre de la famille, d’un conjoint ou d’un ami proche. Selon une étude réalisée par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc) en 2019, 50% des Français estiment que l’on ne se remet jamais complètement d’un deuil. Le rapport conclut d’ailleurs que les Français que l’on ne fait pas son deuil, « on attend qu’il se fasse », soulignant par là-même la dimension involontaire et subie de ce processus qui reste perçue comme l’épreuve la plus difficile de la vie. Lorsqu’il s’agit du décès d’un conjoint, plus du tiers des Français se disent fragilisés pendant des années, voire pendant toute une vie. Ce chiffre monte à 40% lorsqu’il s’agit d’un parent ayant perdu un enfant.

Au-delà de la douleur intense, 51% des Français se disent victimes de problèmes psychologiques, et 59% estiment que leur état de santé général s’est dégradé après le décès d’un proche. Le rapport de l’étude note que le deuil est aujourd’hui minimisé dans nos sociétés qui se veulent ultra-performantes, réduisant à quelques jours le temps alloué aux salariés et aux fonctionnaires pour se remettre du décès d’un proche ou d’un membre de la famille. La fragilité de la personne pendant un deuil est perçue comme une faiblesse, et le discours dominant fait l’apologie des personnes fortes qui remontent la pente en quelques jours, ce qui peut renforcer le sentiment de faiblesse que les personnes endeuillées ressentent.

Le cancer, les maladies cardiovasculaires et les accidents de la route

Les chiffres mis en exergue par l’étude du Credoc nous interrogent sur le temps que nous nous accordons pour comprendre et appréhender notre souffrance dans des épreuves aussi dramatiques que le décès d’un proche. Les quelques jours qui suivent le drame sont cruciaux, car ils détermineront « le chemin » que nous allons suivre pour remonter la pente. Il est très important de ne pas fuir ses sentiments. Ne bâclez pas la cérémonie. Rendez hommage à la personne décédée dans les règles de l’art, entourez-vous de proches qui partagent votre douleur et oubliez les querelles de famille. Choisir la bonne carte de remerciement de décès est important, car elle vous permettra de témoigner votre reconnaissance à ceux qui vous ont épaulé pendant cette rude épreuve tout en vous permettant de garder le contact.

Entre 2016 et 2019, on observe un bond important dans les proches en charge des deuils par les professionnels de santé. On passe ainsi de 22% en 2016 à plus de 27% en 2019. Les psychologues sont les plus plébiscités par les personnes vivant un deuil (21% en 2019 contre 17% en 2016). Il faut cependant noter que près de la moitié des personnes prises en charge par un professionnel de la santé à l’occasion d’un deuil estime que les interventions sont soit « inutiles », soit « inadaptées ». Logiquement, les Français interrogés estiment que le premier soutient en cas de deuil provient de la famille. L’environnement professionnel vient en seconde position, puisque 50% des salariés interrogés déclarent déjà avoir soutenu un collègue endeuillé. Les Français estiment que le personnel des pompes funèbres a lui aussi un rôle à jouer pour soutenir la famille du défunt. Notons enfin que les personnes touchées par le deuil citent le cancer comme première cause de décès (34%), suivie par les maladies cardiovasculaires comme l’infarctus (15%) puis les accidents de la route (12%).